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A.P.C Lisieux
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2 février 2015

Edito Art & Essai février / mars 2015

C’est la quatrième fois que l’A.P.C. invite le réalisateur Alain Cavalier. Tout d’abord pour « Thérèse » primé à Cannes, ensuite pour « René » et « Pater », enfin pour « Le Paradis ». Délaissant l’industrie cinématographique qui oblige le réalisateur à avoir des rapports faussés avec les banques qui investissent dans le film, le réalisateur primé à Cannes fait, depuis une vingtaine d’années, cavalier seul grâce à la technologie. Sa mini-caméra dans la poche (il l’a montrée au public), il filme seul, quand il veut, où il veut. Il ne rend pas de comptes. Et puis il monte seul le film qu’il a dans la tête. Il est indépendant. Il crée son oeuvre sans équipe technique derrière lui pour l’image, le son, la lumière, le cadrage, les décors, les accessoires, les costumes, le portage, la logistique propre à un tournage, sans stars à diriger (ce qu’il a fait jadis), sans pression du producteur qui voit les jours de tournage défiler sans voir les rushes... Il est libre. C’est ce qu’il a expliqué aux lycéens de l’option « C.A.V. » (Cinéma et AudioVisuel) du lycée Gambier qu’il a rencontrés après la projection du « Paradis » : « Grâce à la technologie, vous pouvez maintenant faire des films avec peu de moyens, à condition d’avoir une envie, vous avez de la chance ».

« Le Paradis » est un objet personnel, intime, l’histoire d’un vieux monsieur qui repense à son éducation chrétienne chez les pères (lecture de la Bible et des Evangiles), à sa culture classique  (lecture et traduction d’Homère), à son éducation familiale stricte, l’histoire de deux mini dépressions de bonheur (hostie et rollmops) en attendant la troisième, l’histoire de la mort (mort du petit paon au début du film) et de la vie (mère et enfant à la fin du film), l’histoire de ressentis, l’histoire qui se construit avec le hasard. On entre dans le film ou pas, on se laisse porter par ces images qui font sens bizarrement mais sûrement ou pas, peu importe. Ce film était une nécessité pour Alain Cavalier, « filmer c’est dialoguer avec la vie » a-t-il précisé en octobre 2014 lors d’une rencontre. Pour nous spectateurs, amateurs ou cinéphiles, il a le mérite d’exister et chacun picore ce qu’il veut, comme le paon. Ce n’est pas un film nostalgique, il est tourné vers l’avenir : « Pour tenir tête au temps, j’ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d’émotions et d’images anciennes. Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l’hiver les signes du printemps. »

Cet hiver, Alain Cavalier a semé des images et des idées pour le printemps des spectateurs, elles fleuriront bientôt dans nos têtes.

Deux nouvelles soirées en perspective. A l’approche du 8 mars, Journée Internationale de la Femme, le CIDFF 14 et l’A.P.C. coordonnent le vendredi 6 mars un Ciné-Débat consacré à l’IVG. Plusieurs intervenants sont prévus, dont le Dr Martial Hazé, médecin gynécologue, et Nathalie Perringérard, directrice du CIDFF 14.

Le semaine suivante, vendredi 13 mars à partir de 20h, aura lieu la Soirée Anglaise organisée par le Comité de Jumelage de Lisieux. Vous grignoterez quelques shortbreads dans le hall, avant d’aller apprécier cet humour si british qu’on retrouve dans « Pride ». Le film sera en V.O.S.T., of course ! mais auparavant vous aurez vu des films australien et canadien pour parfaire votre anglais... Quant à ce film australien, « Charlie’s country », son titre résonne étrangement aujourd’hui...

Pour l’A.P.C.   Didier Mayeur

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