Edito mai 2016

La culture récolte ce qu'elle sème

Dans le dernier édito (24.03/02.05.2016) nous parlions du réseau des cinémas Art & Essai français unique en Europe, dont fait partie le Majestic, et de la chance d'avoir une programmation diversifiée et originale au coeur de la ville de Lisieux. L'actualité nous donne encore raison ce mois-ci quand François Aymé, le Président de l'AFCAE (Association Française des Cinémas Art et Essai), après avoir expliqué que l'envie de voir un film, la programmation, le confort technique et le plaisir de la sortie collective sont des conditions nécessaires au bon fonctionnement d'un cinéma, rajoute que la salle aussi doit susciter un désir. Celui de venir mais aussi de rester. L'identité d'un lieu, son originalité, son architecture, sa décoration, sa ligne de programmation, son ambiance chaleureuse, sa capacité à mettre en scène des événements, des rituels, à développer de multiples services sont autant d'éléments qui rendent le spectateur fidèle à un lieu. (in "Le courrier de l'AFCAE" - n° 246). 

L'A.P.C. a la prétention de participer à cette mission culturelle. Si le spectateur feuillette les statuts de l'Association Pour le Cinéma fondée en 1978 (eh ! oui, déjà 38 ans…), il lira dans l'Article 2 que l'A.P.C. a pour objet de promouvoir le cinéma d'Art et Essai français et étranger, de promouvoir d'autres activités culturelles, de travailler en synergie avec des associations, des maisons de quartiers et des établissements scolaires. Dont acte.

Le succès du film Demain repose sur la qualité et l'intérêt de l'oeuvre. Cependant, n'oublions pas que de nombreux cinémas indépendants de proximité - tel le Majestic - programment et accompagnent ce film dans la durée. A l'heure du produit vite consommé et jetable, c'est autant un paradoxe qu'un défi. Le cinéma en coeur de ville travaillant en symbiose avec une association culturelle - ici l'A.P.C. - permet une visibilité réelle et entretient le bouche-à-oreille, deux atouts qui promeuvent et soutiennent des oeuvres de qualité. Dois-je rajouter que ce type de cinéma crée également du lien social ? Une vie sans culture est une vie stérile.

Cette mission culturelle est illustrée régulièrement par une programmation originale et variée. Pour exemple, la Soirée Anglaise organisée dernièrement avec le Comité de Jumelage Lisieux-Taunton. Autre exemple, la Soirée Soli-Self qui se déroulera le 29 avril avec un film que tout le monde attend mais que le milieu traditionnel du cinéma a refusé: Merci patron ! Il a rencontré son public grâce au bouche-à-oreille des spectateurs.

En fait, le spectateur ne récolte que ce qu'il a semé. Plus il sera averti, moins les choix seront standardisés et plus l'offre sera variée et de qualité. Demain continue à semer de bonnes graines. Vous en aurez la confirmation lors de notre Soirée Légumes (pas grosses) du vendredi 27 mai. Amis spectateurs de la consommation raisonnable, à bientôt !

Dernier clap: Le monde du cinéma vient de perdre l'une de ses plus grandes actrices et réalisatrices. Un cancer a emporté Ronit Elkabetz à 51 ans. Femme libre, refusant la démagogie, l'orthodoxie et le dogmatisme, elle s'était engagée dans la cause féministe en Israël. Vous vous souvenez certainement des films que l'A.P.C. a programmés au Majestic : Mon Trésor, Caméra d'Or à Cannes (2004), La Visite de la Fanfare (2007) et Jaffa (2009) dans lesquels elle a joué. Elle réalisa aussi Les sept Jours (2008) et Gett, le procès de Viviane Amsalem (2014). N'hésitez pas à les revoir ! Ils respirent le talent et l'intelligence. Voilà un autre exemple de la mission du cinéma A & E. S'il en fallait.

Pour l'A.P.C.   Didier Mayeur